LETTRE OUVERTE A
Madame Calsat,
Maire adjointe en charge de la voirie
Madame,
Après
tous nos efforts auprès de l’équipe municipale pour établir un dialogue
constructif, nous, habitants de l’avenue Rosenfeld, avons pris
connaissance de la position de la mairie lors de votre courrier ouvert
du 14 septembre, et de l’article publié dans le magazine municipal du
mois de septembre 2010.
Ce dernier laisse entendre aux lecteurs
que l’ensemble des riverains s’est rallié au projet initial. C’est
faux ! Le « Comite de l’Avenue Rosenfeld » attend toujours une réponse
à sa proposition contradictoire qui vous a été communiquée à vous et
Mme le Maire, dès le mois de juillet via votre Cabinet, puis rappelée
dans notre courrier en date du 22 août.
Nous sommes navrés,
véritablement navrés de constater que huit semaines après que nous
ayons formulé des propositions concrètes et réalistes, vous nous
apportiez comme seule réponse une fin de non recevoir.
Navrés de
constater que vos services et vous n’ont pas consacré seulement une
heure à la recherche de solutions, et à amender ce projet. Admettons
que le mois d’août est passé par là vous disposiez quand même de 4
semaines pour travailler. Au lieu de quoi vous avez consacré vos
efforts à la recherche d’arguments inappropriés et même fallacieux pour
certains d’entre eux, pour justifier l'injustifiable .
Est-ce là votre vision de la démocratie ?
Revenons à votre argumentaire. Sur un plan général, vous revendiquez la sécurité, l’urbanisme et l’environnement.
Parlons-en :
La
suppression des arbres n’est pas un argument en faveur de la sécurité.
Elle participe à la déshumanisation des rues, donc à leur désertion par
le public, à la disparition du lien social et favorise ainsi la petite
délinquance et le vandalisme. Vol à la roulotte, tags, merdes de chien.
Des alignements auraient au moins pour vertu de favoriser le sentiment
de vitesse des automobilistes les plus pressés. A la place, nous aurons
des vitesses excessives car la présence du bus ne permet pas de réduire
davantage la largeur des files. Cette zone 30 ne sera pas respectée car
vous ne mettez pas en œuvre les mesures d’aménagement adaptées à la
réduction des vitesses. Les plantations font partie de ces mesures,
cela est connu de tous et vous laissez passer l’occasion de diminuer
l’insécurité routière dans une rue qui en a bien besoin.
La
question de l’urbanisme est très justement évoquée. Précisément,
pourquoi n’avez vous pas enclenché les études urbaines que cet
aménagement appelle ? Pas la moindre analyse urbaine, pas
d'intervention d'un urbaniste conseil. A minima vous pourriez faire
appel au CAUE 93 dont la mission est de vous guider dans les choix
d'aménagement, et d’éclairer ceux-ci par l’expérience de professionnels
de l’aménagement que vous n’êtes pas !
- Vous avez négligé votre
mission de maître d’ouvrage qui consiste à mettre en place une
véritable programmation tenant compte des impératifs paysagers, sociaux
et urbains aussi bien que des contraintes fonctionnelles, et ceci au
mépris de la loi MOP qui est le cadre même de l’utilisation de l’argent
public dans l’aménagement, et prévoit que tout projet d’aménagement
soit précédé d’études préliminaires permettant d’arrêter les choix les
plus pertinents.
- Vous et votre équipe avez désigné une
maîtrise d’œuvre en régie qui ne dispose d’aucune compétence en
urbanisme puisqu’il s’agit du service de la voirie, qui est très
légitimement doté de compétences techniques et n’a pas à improviser une
mission d’urbanisme, de paysage ou même d’ingénierie de la circulation
qu’un dossier comme celui-ci appelle en toute logique.
Et
aujourd’hui vous faites valoir des choix d’urbanisme ? Cette mascarade
ne convainc personne ! C’est précisément un projet urbain que nous –
habitants – réclamons, depuis le début, et non le lamentable projet de
voirie que vous avez engagé au mépris du bon sens et sur la base de
dogmes évidemment arbitraires.
Environnement. En réduisant
drastiquement le nombre d’arbres, vous augmentez très sensiblement les
nuisances sonores. Les riverains en font les frais depuis un mois,
c’est factuel, c’est indiscutable !
Vous réduisez également par
trois les surfaces perméables et environ par dix la masse boisée,
accélérant ainsi l’écoulement des eaux pluviales.
Un aménagement
respectueux de l’environnement aurait comporté un réseau séparatif des
eaux pluviales et des eaux usées. Or il semble que vos services aient
demandé à l’entreprise de réaliser un réseau unitaire. Si cela se
vérifie, est-ce là votre vision de l’écologie urbaine ? Peut-être que
les lois ne vous y contraignent pas, nous ne trouvons pas cela
responsable. Une gestion en bon père de famille des deniers publics
consiste à réaliser moins de kilomètres de voiries mais en conformité
avec les exigences environnementales d’aujourd’hui et de demain.
Un
aménagement écologique aurait comporté des mesures en faveur des
transports collectifs et du vélo. Or il ne comporte rien de tel ! C’est
donc un projet qui fait la part belle à l’automobile, qui ne tient pas
compte des enjeux climatiques et qui tourne le dos au déploiement des
transports collectifs que le STIF nous propose d’accompagner,
Le métro et le tramway viendront s’installer à quelques mètres d’une avenue consacrée à l’automobile !
En cette année de la biodiversité vous faites reculer la nature en ville de manière irresponsable.
Votre
argumentaire général de maître d’ouvrage est donc caduque puisque tant
sur le plan de la sécurité, de l’écologie que de l’urbain, aucune des
raisons invoquées n’a de légitimité. Au contraire, en face des
améliorations proposées, les nuisances et les faiblesses plombent un
projet pourtant financé par l’argent public.
La seconde partie
de votre argumentaire consiste à vous réfugier derrière de prétendues
raisons techniques. Notre propos ne consiste pas à mettre en porte à
faux des techniciens dont, une fois de plus, la feuille de route a été
mal tracée.
La section concernée de l’avenue mesure 230 mètres, ce qui nous fait 460 mètres de trottoir.
En implantant 11 arbres nous aurons en moyenne un arbre tous les 46 mètres.
Comment
pouvez vous affirmer que l’éclairage public justifie cette distance ?
Comment font les 36 681 autres communes de France pour parvenir à faire
des avenues arborées ? Quelle est cette extraordinaire spécificité
romainvilloise qui rendrait impossible ici ce qui est possible
ailleurs, qui tendrait à justifier un tel échec ? Nos ingénieurs
sont-ils là pour trouver des solutions ou des problèmes ?
Nous –
habitants - vous avons fait une proposition d’aménagement de l’avenue
dans laquelle l’éclairage public était assuré par une implantation
régulière et continue de candélabres, où les arbres étaient nombreux
car implantés sur des espaces que rien n’interdit à la plantation, et
dans la simple continuité des règles d’éloignement des réseaux que
votre service des VRD a prescrit.
Vous préférez balayer d’un
revers de la main la possibilité d’améliorer un projet qui n’est
pourtant ni fait, ni à faire. Mesurez vous la portée de votre geste ?
Deuxième
et ultime argument technique, ces fameuses « charretières », qui
pourraient laisser penser aux habitants du reste du monde que l’on se
déplace encore en voiture à cheval dans notre commune.
Nous
n’avons rien contre les véhicules chevalins, mais dans le cas qui nous
intéresse, ce sont essentiellement des véhicules motorisés qui se
garent dans les garages. Or ceux-ci sont dotés d’une direction (souvent
assistée) et de rayons de braquage qui ne justifient en rien les
enfantillages que vous proposez.
Dernier rempart pour justifier
votre obstination à vous débarrasser une bonne fois pour toute cette
ville de ses arbres qui manifestement vous posent problème.
En
réalité, les sorties de garage sont dans bien des villes
perpendiculaires au trottoir, et les véhicules n’ont aucune difficulté
à sortir de leur garage. Ce choix géométrique d’évaser les
«charretières » a des conséquences dramatiques sur la consommation
d’espace par le stationnement, dont le linéaire est multiplié par deux
! Voilà un argument bien commode pour justifier qu’il n’y a plus de
place pour planter plus de 11 arbres dans une avenue qui en
nécessiterait entre 30 et 50 pour conserver son cachet, en cohérence
avec la nature et la qualité des façades qui la bordent de part et
d’autre.
La sécurité routière enfin, n’est pour rien dans cette
histoire de « charretières » puisque la vitesse est un facteur surtout
accidentogène. L’élargissement des sorties de garage aura pour seul
raison d’autoriser une augmentation des vitesses, ce qui n’a pas de
sens dans une zone prétendue 30.
En conclusion, votre courrier
n’apporte rien des progrès que vous vous étiez engagées à étudier lors
de notre rencontre de juillet. Ce qui signifie que depuis le mois de
mai, nous n’avons pas progressé. L’ immobilisme est manifestement votre
priorité. Contrairement à toute attente, votre courrier et le
communiqué de la mairie portent atteinte même au bon sens.
Vous
persistez à faire valoir qu’il n’y a pas de place pour les arbres dans
cette avenue. Nous vous rappelons qu’ils étaient 30 hier et plus de 50
à sa création et que par conséquent leur légitimité n’est pas à
démontrer.
Le volet replantation est la variable d’ajustement de
votre processus arbitraire d’aménagement de l’espace public et c’est
précisément ce mode de fonctionnement que nous dénonçons très
légitimement.
L’appareil municipal produit des aménagements
routiers et inconfortables dont nous ne voulons pas et qui vont à
l’encontre des objectifs prétendus, soyez cohérents !
Les
Romainvillois nous soutiennent pour dénoncer cette pratique qui n’a
d’urbanisme que le nom et se fait au détriment des valeurs écologiques
et sociales les plus profondes de notre société. Un urbanisme à visage
urbain est possible et souhaitable pour l’avenir de notre ville.
Pour
beaucoup de Romainvillois, l’avenue Rosenfeld mène au marché. Quitte à
avoir des trottoirs élargis, ceux ci préfèrent qu’ils soient plantés,
pour leur confort et l’agrément de leur déplacement, d’autant que ce
choix est sans incidence sur le nombre de places de stationnement et
sur la possibilité d’implanter un éclairage de qualité.
C’est
ce que nous vous avons démontré dans notre proposition d’aménagement en
date du 22/08/2010, proposition que vous n’avez pas pris la peine de
considérer.
Il n’est pas trop tard pour y remédier, pour
améliorer ce projet désastreux, il suffit pour cela à l’équipe
municipale de le vouloir un instant. Notre collectif continuera à se
mobiliser autant que nécessaire, car notre détermination a voir ce
projet évoluer reste intacte.
Cordiales salutations
Le collectif des habitants de l’avenue Rosenfeld écœurés